Série Japon: Okonomiyaki pour le Nouvel An
19 avr
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En cette matinée du 1er janvier, une foule bigarrée se presse dans la cour du temple Zojoji. Nous sommes juste sous la Tokyo Tower (vous savez cette espèce de tour Eiffel rouge et blanche qui est détruite dans tous les films et animés japonais), autant dire en plein centre de la capitale japonaise. Certains ont mis leur costume du dimanche et quelques traditionalistes sont venus en kimono. L'atmosphère est à la fois festive et solennelle. Il faut dire que le Nouvel An n'est pas une petite affaire au Japon. Dès les premières heures de la nouvelle année, on se rend en nombre dans les lieux saints pour y accomplir l'hatsumōde, la première visite au temple.
Zojoji est un temple bouddhiste. Ça signifie que Jésus n'a pas pu venir jusqu'ici pour chasser les marchands. Du coup, le long des allées du sanctuaire, des stands de nourriture et de babioles surmontés de grandes banderoles ont été dressés .
Un peu plus loin, on aperçoit même un montreur de singe en pleine représentation, réminiscence d'une période révolue. On se prend à imaginer l'ambiance qui régnait en ces lieux pendant la période d'Edo. Ça ne devait finalement pas être si différent.
Au fur et à mesure qu'on avance sur la place, l'atmosphère se fait plus pieuse. Non loin du bâtiment où se déroule la cérémonie, on brûle les vieux charmes et les anciennes amulettes qui devaient porter chance l'année précédente.
Des amplificateurs diffusent plein tube les psalmodies lancinantes d'un homme d'église en plein travail à l'intérieur de l'édifice. Le spectacle est pour le moins immersif. Difficile de se sentir plus à Tokyo que ce jour-là, à cet endroit là. Le mélange entre tradition et modernité, les rituels bouddhistes, les animations impromptues, le commerce de portes-bonheurs jusqu'à l'intérieur des lieux saints, tout cela résume en quelque sorte cette ville unique au monde.
Le tableau ne serait pas complet sans mentionner l'omniprésence de la gastronomie. L'autre pilier de la culture nippone. Attendez, vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous faire un article sans nourriture, façon National Geographic?
Les stands de street food qui longent la place remportent un succès évident. L'occasion de s'essayer au plat simple et populaire qu'est l'okonomiyaki, cette sorte de galette à mi-chemin entre la crêpe et l'omelette.
Les deux tenanciers n'ont pas l'air lissé du col blanc tokyoïte et semblent proposer une version sans chichi de l'okonomiyaki. 500 yens (quelques francs) pour ce bain de culture et de gourmandise. Magnifique spectacle des artisans au travail. Les gestes sûrs et méthodiques se succèdent pour accomplir un processus visiblement éprouvé. Un savoir-faire qui semble, lui aussi, être l'héritage d'un lointain passé.
On observe cette cuisine ambulante un instant, le temps de se retrouver avec cette boîte de plastique souple et chaude dans les mains. Une galette bien pliée, un œuf au plat - jaune parfait, Japon oblige -, une belle tranche de jambon bien gras, une grosse portion de chou, du gingembre mariné, sans oublier les incontournables algues d'assaisonnement. Un plat complet et nourrissant pour tenir tout au long de cette journée sacrée. Pour faire bonne mesure, par dessus tout ça, une rasade de sauce okonomi et la fameuse mayonnaise japonaise au vinaigre de riz.
Ce plat rentre bien dans la cadre de ma vision du petit déjeuner. Un repas complet et fortifiant.
Le goût et la texture de la galette est finalement très proche d'une crêpe classique. L’œuf au plat et le jambon complètent le tableau d'une recette qui nous paraît, somme toute, familière au premier abord. Cependant, avec le gingembre, les algues et le chou, on retrouve une saveur japonaise plus caractéristique. Ces ingrédients apportent aussi de la fraîcheur et de l'acidité bienvenues.
Les deux sauces d'accompagnement, l'une grasse et l'autre sucrée enrichissent méchamment le plat. La sauce okonomi, sorte de Worcester épaisse et très douce pourra facilement écœurer les becs les moins sucrés alors que la mayonnaise calmera les amateurs de gras les plus aguerris. Bref, cette version urbaine de l'okonomiyaki, c'est un truc de bonhomme affamé, un casse-dalle riche et saturé de goût qui dégouline de partout. Le genre de trucs qu'on like sur Facebook. Hein, les gars?
Le point fort de cette préparation, c'est évidemment la cuisson minute et l'utilisation d'ingrédients frais. Comment ne pas se régaler de cette préparation juste bien cuite en cette froide matinée de janvier? On a beau être sur quelque chose qui rappelle le fast-food ou la malbouffe, tout est ici cuisiné. Alors tu te calme.
L'okonomiyaki, c'est un de ces plats versatiles dont on retrouve une interprétation partout dans le monde. La cuisine japonaise n'a pas manqué d'en faire quelque chose d'unique et de bien au point.
Cette version à l'emporter, même si elle surprend jusqu'à l’écœurement par son côté excessif, est une expérience culinaire extraordinaire chaudement recommandée. Une belle manière d'expérimenter la richesse de la gastronomie de l'archipel et de se souvenir que ce pays ne propose pas que des arômes délicats et des préparations épurées.
Et oui, le Japon, c'est pas tout lisse. D'ailleurs au nord de la ville, à peu près au même moment. Des foules gigantesques se promènent dans le quartier d'Asakusa. Certains s'arrêtent pour siffler tranquillement du saké en pleine rue et manger une soupe brûlante. C'est bien là que vous avez envie d'être pour votre prochain Nouvel An, non?
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ça c'est de l'okonomyaki costaud!
Je savais qu'il y avait plusieurs "styles" selon les régions et ai pu en déguster sous différentes formes mais là, à ce point et roulé ainsi autour du chou, jamais ! Tu as dû être bien calé après cela.
Au passage, j'aime bien les différentes petites "piques" dans ton texte
Enfin, calendrier oblige, joyeuses Pâques à toi!
Merci Manuel, joyeuses Pâques à toi!