Poissons et crustacés au Woods à Genève

Je l'admets, vous en avez bavé. Entre les chips aux saveurs douteuses et les hot-dogs à 1 franc, on ne peut pas dire que ce blog ait été le fer-de-lance de la cuisine-fraîcheur et de la gastronomie fine ces derniers temps. Je ne veux pas vous laisser comme ça, livrés aux graisses trans et aux saucisses trop salées. J'ai Donc dégoté une adresse qui devrait vous faire renouer avec l'art du bien-manger.

Bienvenue au Woods, le restaurant gastronomique de l'InterContinental à Genève. Ici, on vous propose une cuisine classique et contemporaine qui met l'accent sur les beaux produits (porc ibérique, bœuf Simmental, volaille de Bresse). L'endroit est situé en plein dans le Quartier des Nations, là où se trouvent les ambassades, bureaux de l'ONU et autres institutions internationales. Si les prix sont élevés, et font douter du bien-fondé des budgets alloués aux diplomates, la cuisine est tout à fait à la hauteur des ces sommets de facturation. A noter, qui plus outre, que le Woods est noté 14 point au Gault & Millau.

Le décoration de l'hôtel, tout comme celle du restaurant, est impressionnante. Une ambiance feutrée de grand hôtel d'affaire un tantinet froid, toujours un peu ostentatoire, rehaussée de quelques superbes pièces de mobilier. La terrasse est entourée de bambous verdoyants et d'un petit plan d'eau d'inspiration zen. Un cadre apaisant pour profiter au mieux de votre repas durant les mois d'été. Enfin, la visite eût été réellement apaisante si les fourmis n'avaient pas décidé de donner l'assaut à notre table, placée un peu trop près des plantes. A ce niveau de prix, c'est une faute.

Heureusement, la qualité de la cuisine évince facilement le seul point négatif de la soirée. La restauration hôtelière, fût-elle de luxe, est parfois un peu timorée et consensuelle. Ici, le chef Jean-Sébastien Pouch, déjà fort expérimenté, met tout son talent en oeuvre pour donner à des plats classiques une tournure audacieuse. Loin de la simple exécution, on ressent au Woods, l'envie d'exciter les papilles et de plaire au gourmet jouisseur de la nouvelle génération. Cette intention est d'ailleurs déclarée par le chef lui-même. Et bien, chef, vous n'en avez pas grand chose à cirer de ce que je pense mais, pour moi, l'exercice est réussi haut la main.

Ces efforts son visibles dès l'amuse-bouche. Un morceau de truite grillée bien marqué sur une brunoise de céleri et un jus au raifort délicat. Un véritable plat plutôt qu'une formalité paresseuse.

En entrée, le tartare de thon rouge (32 CHF) a belle allure, tout en gourmandise avec son avocat et ses fruits sur le dessus. Aucune chance de s'endormir dessus grâce aux échalotes hachées finement. Le tout est magnifiquement surmonté de pain grillé et de feuilles de va-savoir-quoi.

Les ravioles d'araignée de mer (33 CHF) sont moins grandiloquentes au niveau de la présentation, surtout comparé au tartare. Néanmoins, le plat est une réussite. Les ravioles sont excellentes et le  riche bouillon aux accents asiatiques est à se relever la nuit. Basilic thaï ciselé, légumes racines pour le croquant. Deux entrées généreuses et bien équilibrées.

Le Homard Breton, Rôti au poivre de Sichuan, cocotte de jeunes légumes au gingembre (65 CHF) est de haute tenue. Présenté dans sa cocotte transparente avant le service sur assiette, c'est un plat chamarré dans lequel on retrouve, en plus du roi des crustacés, une multitude de jeunes légumes savoureux. Asperges, carottes, navets, imprégné d'un délicieux jus de crustacé relevé de gingembre. Oui, on vogue toujours sur des flots asiatiques. Plus encore avec le poivre du Sichuan qui viendra anesthésier quelques une de vos papilles et relever un plat généreux en tous points. Allez tampon.

En comparaison, il est vrai que le Bar de ligne grillé (63 CHF) fait un peu pâle figure. Un plat en toute simplicité pour les férus de poissons.  Accompagné d'un citron confit au caractère bien trempé et d'une portion de légumes qui ne suffit pas tout à fait à remplir une assiette, au final, un peu vide.

Le spectacle continue avec des desserts au grand potentiel de wow effect. Le Chocolat Guanaja (18 CHF) est superbe avec son cœur coulant au caramel salé.  Le plat vaut autant pour son goût jouissif que pour sa présentation tout en 3D. Et vous n'avez même pas besoin des lunettes.

Le Saint-Honoré (16 CHF), déstructuré comme on dit sur M6, est peut-être un peu moins cohérent et fait plus l'effet d'un alignement de préparations que d'une interprétation du fameux dessert. Pourtant, on retrouve cette approche rentre-dedans avec une compotée de rhubarbe très acidulée en relief avec une pâte de pistache douce et ronde.

Certes, le Woods est un restaurant cher et les boissons feront encore monter l'addition. Comptez 15 à 20 CHF par verre de vin!  Toutefois, la brigade livre un travail exemplaire et une cuisine vivante qui saura émerveiller tous les sens des convives. L'endroit est particulièrement recommandé pour profiter des produits de la mer qui gagnent tant à être traités avec soin. Néanmoins, les amateurs de viande auront un très large choix, pami lesquel une Pluma de porc Ibérique (49 CHF) des plus appétissantes.

Si vous êtes plein aux as, foncez. Sinon, vous pouvez essayer de trouver une offre sur un site comme lafourchette.ch et profiter d'un rabais conséquent. Dans tous les cas, le Woods est une belle adresse que je souhaite à chacun de visiter un jour.

 

Restaurant Woods
Chemin du Petit-Saconnex 7
1209 Genève
Téléphone : 022 919 33 33
Site web