Un plat du jour aux petits oignons la Chotte à Romanel

Pour le gastronome avide de découvertes, les formules de midi sont souvent un bon moyen de jauger une adresse. Les tarifs sont moins élevés et on peut tester la cuisine sans y laisser un bras. A la Chotte, il faut compter 22 CHF pour une petite entrée et un plat. Pour le prix d'un pizza à l'italien du coin, quand bien même le restaurant en question se paie 14 point au Gault & Millau, on ne s’attend pas à des miracles. Mais ce serait une erreur de se fier au montant de la facture plutôt qu'aux gens derrière les fourneaux. Ainsi, le chef Chrisophe Albeiro (l'Epicurious, le Vème), arrivé récemment, a dû me remettre les pendules à l'heure. Il semble, en effet, avoir très bien pris ses marques dans cette adresse de charme aux allures d'auberge cossue.

Si vous prenez le plat du jour, vous serez gratifié d'une petite entrée. Celle-ci a plutôt des airs d'amuse-bouche, mais pour midi on en demande pas forcément plus.

Une petite cuillerée de soupe, un coup de dents dans le croûton doré et c'est plié. Bien-sûr, de très nombreux restaurants savent servir un bon velouté. Ici, c'est surtout la mouillette de pain grillé qui m'a tapé dans l’œil. Un joli rectangle parfaitement grillé, de manière bien uniforme, assaisonné de quelques herbes et d'ail. Pour réussir un truc aussi simple avec autant de précision, il faut soit avoir une cuisine dans laquelle le savoir-faire et la rigueur règnent en maître, soit avoir une moule de cocu. Ce dernier cas de figure étant difficile à reproduire deux fois de suite, le plat de résistance devrait nous permettre de trancher.

Vous voyez ces toutes petites côtelettes "à la provençale" qu'on vous sert dans les pizzerias? Mais oui, vous savez, celles qui ressemblent à des ailes de moineaux. Les gars, ils vont vous taxer 30 boules pour 4 malheureux os rachitiques probablement prélevés sur le corps encore chaud de quelque lutin néo-zélandais lépreux. J'adore l'agneau, mais je ne prends jamais ce plat qui m'a toujours paru être un attrape-nigaud. L'instinct du chasseur, probablement. Et bien aujourd'hui, je sais que j'avais raison.

Pas de ça à la Chotte. Ces trois généreuses, goûteuses, grassouillettes côtelettes d'agneau peuvent vous servir de dîner pour 22 balles. Et l'épaisse couche de gras qui les borde, c'est cadeau.

 

Réalisation irréprochable. Les côtelettes sont si bien grillées qu'une croûte épaisse et croustillante à souhait vient épouser toute la surface de la chair. Une réaction de Maillard aux proportions épiques qui sublime cet agneau juste servi avec son jus. Un des meilleurs de ma courte vie, facile. La preuve, s'il en était encore besoin, que la simplicité (de laisser le produit dans son état naturel) et la patience (de laisser les cuissons se faire) sont parmi les plus importantes vertus en cuisine.

En accompagnement, des tronçons de courgettes farcis de tomate sont présentées sur un lit de polenta toute simple. On apprécie particulièrement les câpres ajoutés avec gourmandise à la tomate. . Petit bémol, on aimerait avoir plus de cet accompagnement très bien assaisonné. Mais ce n'est peut-être pas un hasard. Les quantités sont bien calculées, parce que pour 8 CHF supplémentaire, vous avez le café gourmand. Les malins.

Là encore, c'est tout bon. Les 3 préparations se complètent à merveille. Le moelleux au chocolat est un classique réalisé sans faute. La petite salade de fruit toute douce est réellement délicieuse et joliment taillée en tout petits cubes. Mon coup de cœur va à la verrine de ce qui ressemble à du petit suisse sur un fond de spéculoos et sous un coulis de fruit rouge. Original et délicieux. Comme il y a le café avec, c'est un dessert parfait pour clore ce repas de midi.

Difficile de savoir si les plats du jour sont toujours aussi formidables. Ce qui est certain, c'est qu'après avoir entrevu la cuisine de la Chotte, je n'ai qu'une seule envie: en voir plus.

 

La Chotte

Chemin du Village 19

1032 Romanel-sur-Lausanne

Tél. +41 21 646 10 12

Fax +41 21 648 54 74