On ne le dira jamais assez, au resto chinois, il faut trouver les spécialités du chef au milieu d’une carte pleine de classiques souvent clonés d’un restaurant à l’autre. Pour une fois, au Zhiwei, la carte nous aide via une page de recommandations de la maison. Et c’est vrai que ces dernières méritent pour la plupart d’être mises en avant. Elles ont en tout cas éveillé mon intérêt et satisfait mon envie de découverte.

Hey, comment rester de marbre devant les Crevettes Watkins (15 CHF)? De grands crustacés, juste bien cuits, enrobés de mayonnaise douce et de filaments de pommes de terre super croustillants. Un vrai ouf, ce monsieur Watkins! On ne trouve presque pas trace de cette recette pour le moins surprenante, et plutôt occidentale, sur le web. Tout au plus, une vague référence qui laisse entendre que cette idée géniale est appliquée du côté de Macau. En tous les cas, le Zhiwei propose ici, à Lausanne, cette recette jouissive.

Les Rouleaux de porc 5 épices (12 CHF) constituent également une proposition qui sort des sentiers battus. Des tubes croustillants fourrés d’un ragoût de porc aromatisé à l’anis étoilé, poivre du Sichuan, girofle, fenouil, cannelle. Un dimsum aromatique très convaincant qui n’aura aucune peine à se démarquer face à un rouleau de printemps traditionnel.

Le festival continue avec ces délicats Dumplings aux noix de saint jacques (14 CHF). La pâte est légère, fine et translucide. Elle recèle des morceaux de saint jacques, de crevette et de bambou.

3 dimsums, 3 succès. Le Zhiwei est un restaurant qui ravira les amateurs de ces petites préparations typique de la cuisine cantonaise.

Je vous conseille néanmoins de vous concentrer sur les recommandations du chef. En effet, il suffit de s’aventurer en dehors, comme avec les Travers de porc rôti (12 CHF), pour être déçu. Malgré l’aspect appétissant de ces derniers, la chair n’est pas très goûteuse et n’a pas cette exceptionnelle tendreté qu’on peut attendre de ce morceau formidable.

Les émincés sont également moins convaincants. La faute à la texture gluante de la viande traitée trop violemment au bicarbonate. Cette pratique classique de la cuisine chinoise a pour but d’attendrir les morceaux jugés trop coriaces. Il faut dire que ça fonctionne plutôt bien puisque la texture en ressort quasiment annihilée.

En dehors de cette réserve, les plats sont corrects et se distinguent par leur caractère goûteux. Pour une fois qu’on trouve du kimchi au restaurant, je ne vais pas me priver. Le bœuf à la coréenne (28 CHF) est ainsi piquant et acidulé. On retrouve avec plaisir le goût de pickle fermenté caractéristique de cet emblème de la cuisine coréenne. Une assiette à la fois vive et légère.

L’Agneau sur ardoise arrive bouillonnant à la table. Des petits épis de maïs (!) ainsi que des morceaux de poivrons et d’oignons donnent du croquant et de la couleur à un plat qui baigne dans une sauce aux haricots noirs profonde et un peu poivrée.  Je suis un fan de ces grands jus servis généreusement dans les restaurants chinois. Si je m’y mets, il n’y a plus moyen de stopper la machine jusqu’à ce que le plat soit totalement clean. J’ai ça dans le sang, c’est mon ADN de gourmand.

Si votre humeur, et votre porte-monnaie, vous le permettent, vous pourrez vous essayer au plat le plus cher de la carte. A 48 CHF, le homard grillé à la mode du chef reste néanmoins abordable. La bête est coupée dans la longueur et servie avec une sauce collante au gingembre et oignons frais. L’ensemble est plutôt sympa même si les manières françaises me semble indétrônables à ce jour pour mettre en valeur ce produit de luxe. Encore une fois, on se retrouve un peu interloqué devant les textures asiatiques parfois désarçonnantes.

Je ne suis pas un partisan de l’adaptation de plats salés dans leur version chocolatée. La fondue au chocolat? Laissez moi rire! La pizza au Nutella? Je me gausse! Alors, quid des nems au chocolat (12 CHF) du Zhiwei? De la pâte croustillante sortant juste de la friteuse, du chocolat praliné fondant prêt à couler voluptueusement sur votre langue? Ouais, il en faudra plus pour m’émoustiller. Je maintiens que l’huile ne va pas bien avec le cacao et que ce dessert n’est pas une manière heureuse de finir le repas, surtout à ce prix là.

Moi, Lukas Menal, je préfère encore l’onéreux assortiment de fruits frais (28 CHF). Que ce jour soit marqué d’une pierre blanche comme celui où j’aurais prouvé au monde que je ne suis pas prêt à faire tous les sacrifices sur l’autel de la phateur.

Si le Zhiwei n’est pas un restaurant irréprochable, il a suffisamment d’atouts pour se placer dans le haut du panier. Des dimsums excellents, quelques plats originaux et une attention aux bonnes saveurs en font un passage nécessaire pour tout amateur de restaurant chinois et une adresse à garder dans sa manche pour les autres.