À Bienne, le restaurant de l’Écluse jouit d’une très bonne réputation. Et après étude approfondie, force est de reconnaître que ce n’est pas volé. On y sert, en effet, une cuisine de qualité: généreuse, empreinte de tradition, mais aussi teintée d’influences contemporaines. Les préparations sont essentiellement maison et le savoir-faire du chef Zeljko Cuic est évident sur tous les plats. Dans le genre, on pense bien vite à la fraîche et pimpante Brasserie de Montbenon. Le style de restaurant contemporain qui a de quoi satisfaire tout le monde tout en proposant une véritable expérience gastronomique.

Prenons la très réussie Morcilla. Elle illustre bien que le menu est empreint d’influences variées mais ancré dans la cuisine classique. Pour seulement 10 CHF, vous pourrez profiter de cette charcuterie mise en valeur avec finesse par une mousse de pomme verte qui répond avec légèreté à la richesse de ce boudin hispanique. Une entrée sans défaut qui mériterait de rester toute l’année à la carte.

Modernité et terroir également avec l’étonnante proposition végétarienne que constitue la Purée de pomme-de-terre au Mont d’Or (28 CHF). Impossible de ne pas succomber devant cette patate écrasée, toute emmitouflée dans des saveurs de fromage et de forêt montagneuse. Merci à l’Écluse de ne pas s’être contentée de tortellini ou de lasagnes végés.

Pour ne rien gâcher, on cuisine correctement les légumes, ici: il suffit de jeter un œil aux morceaux de courge butternut bien rôtis qui accompagnent cette création. Si on y ajoute des marrons et des poires, autant dire que ça chantonne dans l’assiette.

Plus classique, l’os à moelle (12 CHF) est joliment servi sur son cercle de bois. Toasts irréprochables et assaisonnement bien mis. Une entrée qui sera facilement partagée et suscite toujours mon allégresse.

Dans la même veine, le cordon bleu (36 CHF), spécialité du lieu, est tiré à quatre épingles. Ça file droit, presque trop. La pièce est néanmoins épaisse, goûteuse (gruyère!) et cuite à la perfection.

On voit maintenant partout ces petits paniers métalliques et ces faux papiers journaux pour servir les frites. Une pratique qu’on retrouve à l’Écluse et que je trouve superflue en plus de pas être vraiment pratique. Qu’est-ce qu’on a contre une grande assiette simplement garnie, dites-moi?

Sur l’ardoise, ce soir-là, le coquelet rôti est exemplaire. La peau est super croustillante grâce à une recette au sel et poivre qui rappelle la méthode de Thomas Keller.

Ce plat classique est supporté par un jus profond et succulent (la marque des vrais professionnels) ainsi que des accompagnements vivaces et colorés. Rien à dire.

C’était un peu prévisible. Le tartare de bœuf (34 CHF) fait un peu pâle figure en face de si jolis plats cuisinés. Sans être raté, il est coupé trop fin à mon goût et pas assez relevé. Ce n’est visiblement pas la spécialité du lieu.

L’Écluse propose pour finir une belle carte de désserts maison. Sans être bouleversants, ils sauront clore le repas en beauté. Ici, un moelleux au chocolat plutôt appétissant…

Le restaurant est niché dans le vert parc Elfenau, au cœur de Bienne. On s’y promène volontiers avant ou après un repas roboratif. Et puis avouez qu’accéder au bâtiment en passant par un petit pont qui enjambe un cours d’eau est une perspective plutôt séduisante. Le service est moyen mais le cadre de vieille fabrique réhabilitée est convivial. Le mobilier simple et fonctionnel ajoute encore au charme de l’ensemble. On apprécie également la carte des vins pas sectaire et adaptée à toutes les bourses.

Bref, on se sent bien dans ce resto. Et, en été, la belle terrasse ne gâche rien. On ajoutera certainement cette maison gourmande à son carnet d’adresse afin de la ressortir lorsque l’envie d’un repas festif se fait sentir ou tout simplement à l’occasion d’un passage dans le chef-lieu.

Restaurant de l’Écluse
Promenade de la Suze 14d
2501 Bienne
Tél: +41 (0)32 322 18 40
http://www.restaurant-lecluse.ch