Un brunch à l’Étoile Blanche, Lausanne

Le petit-déjeuner n’est plus assez bien pour nous, en tout cas le week-end. Ça fait plusieurs années qu’il faut bruncher au lieu de petit-déjeuner. Il paraît que c’est comme à New-York. Il ne nous manque que les longues files d’attente. 37 minutes pour les oeufs à la bénédictine et le jus de tomate. À l’Étoile Blanche, j’ai l’impression que ce rituel est déjà un peu passé de mode. Alors, certes, on mange plutôt bien et nous parlons là d’un repas très codifié. Mais que ça n’empêche pas de glisser un peu d’allant et de culot au fil de la carte, surtout dans cette gamme de prix.

Dans le détail, le Canadien salé répond présent. Une généreuse portion de bacon à l’américaine et un œuf bien cuit sur des pancakes aériens. On couvre le tout de sirop d’érable pour la somme rondelette de 18 CHF. C’est accompagné d’une salade de fruit. Un soin plutôt bien indiqué pour un lendemain difficile.

Par contre, le bagel aux crevettes et avocats (18 CHF) est dépressif. La portion d’avocat est anecdotique. Quant aux crevettes qu’on nous promet marinées, elles n’ont pas l’air d’avoir trempé dans beaucoup plus que de l’eau salée et peut-être un peu d’air ambiant. La douceur du fromage frais ne fait que souligner la fadeur des crustacés. Cet hommage à la vie branchée de Manhattan manque d’épices, d’herbe et d’un grain de folie. Les chips et la salade sont corrects mais loin de pouvoir rattraper un sandwich qui cherche encore son panache.

La présentation du Full English, en cocotte, se veut spectaculaire mais cache mal son prix prohibitif (24 CHF). On apprécie néanmoins la belle saucisse à rôtir. Un plat soigné typique d’une adresse constante mais qui ne prend plus beaucoup de risques.

Que ma retenue ne vous empêche pas de profiter de l’Étoile Blanche. Le cadre se révèle agréable, le service preste et souriant. Les étudiants en bandes organisées et les grandes tables conviviales démontrent que le cool factor n’y est pas encore mort malgré la concurrence féroce d’endroits désormais plus affûtés tels que le Blackbird. Et puis, après tout, c’est généralement bon.

L’Étoile Blanche est un endroit protéiforme qui mange, avec succès, à tous les râteliers. On y passe souvent un bon moment que ce soit pour faire la fête autour de quelques bières un samedi soir bondé, pour en profiter comme d’un café-restaurant le midi ou comme d’une case à brunch le dimanche, bien-sûr. Mais gardons à l’esprit que polyvalence ne rime pas souvent avec excellence.

Le problème du Temps, c’est qu’il projette sans cesse son souffle impitoyable et fait inexorablement bouger les lignes. C’est peut-être nous qui vieillissons, d’ailleurs. Vous préférez un des six burgers de la carte, l’assiette de fish & chips ou la salade césar ? Ça ne me fait plus vraiment rêver. Vous n’êtes pas obligé d’écouter le vieux blasé que je suis. L’Étoile Blanche reste une bonne adresse qui tend à verser un peu dans la facilité mais délivre globalement de la qualité.

 

Etoile Blanche
Place Benjamin-Constant
1005 Lausanne
Tél: 021/351.24.60
Site Internet

2 Responses to “Un brunch à l’Étoile Blanche, Lausanne”

  1. La semaine d'une gourmette février 3, 2017 at 10:40 #

    Mon problème avec l’Etoile Blanche, c’est que c’est horriblement bruyant ! Sinon, oui, c’est bon. Pas exceptionnel, mais bon.

  2. Ben février 3, 2017 at 14:40 #

    Intéressant cet article… A voir et à tester du coup.

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