Table moyenne et vue sur le lac au Relais de la Poste à Grandvaux
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Une belle vue sur Grandvaux
En pénétrant dans la salle à manger du Relais de la Poste de Grandvaux, le visiteur est d’abord séduit par le décor élégant. C’est un peu passé de mode, certes. Mais le mobilier bourgeois (et usé) garde un charme qui invite à fêter les événements, à se laisser aller à des plats nobles, et pourquoi pas à une très bonne bouteille de vin. Nous sommes dans un jardin d’hiver directement attaché à la maison villageoise qui constitue le Relais historique. D’un côté, la vue sur la façade extérieure du bâtiment donne l’illusion amusante de se trouver sur une terrasse, de l’autre, la grande baie vitrée offre une vue imprenable sur le Léman.
Ce panorama à couper le souffle trahit une adresse passablement touristique. Mais ça ne l’empêche pas de proposer une authentique cuisine gastronomique assortie à un décor élimé de grand restaurant. En aparté, le terme « gastronomique » est pompeux et pourrait faire craindre une table particulièrement créative avec sa valse de serveurs et tout le toutim. Il n’en est rien. Je m’en tiens ici au sens premier: un endroit où la cuisine et l’ordonnancement des repas sont pris au sérieux. Entrée, plat, dessert, foie gras, digestif et j’en passe.
On trouve donc au Relais de la Poste un menu dégustation ainsi qu’une carte qui fait la part belle aux pratiques les plus classiques de l’école française. À l’ardoise, foie gras, truffe, fromages et légumes de saison entrent dans la même logique épicurienne et traditionnelle.
Lavaux oblige, on trouve également des filets de perches, présentés comme la grande spécialité. Cela dit, je n’ai trouvé aucune garantie de leur provenance. Un élément qui reflète mon sentiment mitigé à l’endroit de cette adresse. La cuisine y est bonne mais cumule suffisamment de faux pas pour ne pas être inscrite dans mon répertoire de destinations de choix. En premier lieu, le menu à 104 CHF (98 CHF + 6 CHF pour supplément chasse) apparaît définitivement comme trop onéreux en comparaison de ce que la concurrence peut proposer au même tarif. Ce décalage entre le contenu des assiettes et la facture se retrouve tout au long du repas malgré quelques coup d’éclats.
Un menu en demi-teinte
La terrine de gibier est correcte mais manque de soin et de créativité. Elle fait les frais d’une présentation paresseuse et de l’absence de vrais toasts. Une erreur que le Café de Riex, récemment visité, n’avait pas commise. Pis encore, la décoration à coup de réduction de vinaigre balsamique lève immédiatement tous les drapeaux d’alertes. Quant à la gelée d’airelles, disons que ce n’est de toute façon pas mon truc.
Le risotto à la betterave rouge est réussi. Si on excepte un léger manque d’onctuosité, on trouve ici une entrée à la couleur magnifique, à la fois simple et délicieuse. Le riz est bien cuit et la betterave joue de toute sa douceur pour donner une saveur très typée. Encore une fois, on aurait aimé un peu plus de travail pour rendre ce plat fastueux.
Le filet de dorade royale est également savoureux. On a beau être maintenant habitué au style minimaliste, l’absence du pesto annoncé reste surprenante. Le filet n’en est pas moins excellent. Il est fort bien cuit et généreusement apprêté avec de l’huile d’olive additionnée d’un élément sucré (du miel ?) qui lui donne une grande gourmandise. La peau est croustillante par endroit, comme j’aime. Encore une assiette qui fait le job mais laisse un arrière-goût d’inachevé par rapport au prix payé.
Avec l’arrivée de la chasse en plat principal, je n’y trouve plus du tout mon compte. Tout ce que je reproche à cette spécialité saisonnière est résumé sur cette pièce de vaisselle blanche. Trois noisettes de chevreuils dans une sauce au poivre figée se présentent à moi dans toute leur facilité. Il m’a fallu brasser un peu avec ma fourchette pour lier tout ça. Et puis, mettre les fruits et les légumes moyennement préparés sur des piques me paraît quelque peu superfétatoire. La viande est néanmoins bien cuite et le poivre présent. Aussi vite mangé, aussi vite oublié.
Le menu se termine sur un trio de fromage, correct puisqu’il comprenant un morceau de Vacherin Mont d’Or, puis sur une verrine aux vermicelles de marrons et spéculoos plutôt gourmande.
Pas mal, mais peut mieux faire
Le Relais de la Poste ne se trouve dans aucun guide gastronomique à part le Passeport Gourmand. Ça en dit long sur le positionnement du restaurant qui semble tiraillé entre l’envie de bien faire et des raccourcis qui déçoivent trop souvent. La salle n’était pas à moitié pleine un samedi soir et plusieurs tables profitaient d’une offre spéciale. Le service est tout juste correct, les nappes sont parfois tâchées et la carte des vins manque singulièrement de panache vu sa situation au cœur des vignes. C’est bien le sentiment d’une adresse honnête mais endormie et manquant d’ambition qui domine.
Pour autant, on ne pourra pas dire qu’il s’agit d’un traquenard puisqu’on y mange finalement plutôt bien. Il faudrait rafraîchir la carte et remettre d’aplomb le service. En attendant, le Relais de la Poste comptera principalement sur sa situation exceptionnelle pour séduire la clientèle.
Relais de la Poste
Route de Crétaz 10
1091 Grandvaux
Tél: +41 21 799 16 33
Site Internet
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C’est marrant, nous y avons été par hasard il y a un mois. J’ai eu exactement la même impression que toi, un restaurant honorable qui a dû avoir son heure de gloire dans les années 80 (d’après le décor), c’était bon (nous n’avons mangé qu’un plat, c’était un samedi à midi) mais cela donnait une indéfinissable impression de has-been.
Comme quoi, c’est un aspect vraiment frappant de cette adresse. À bientôt j’espère!