Le Café du Marché à Nyon n’a de classique que le nom
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Une de mes résolutions pour 2015 est d’arrêter de jouer les bobos et de sortir plus souvent de Lausanne. Cet article est, j’espère, le début d’une série qui doit nous emmener à travers le canton de Vaud à la découverte des bonnes adresses qui émaillent notre territoire. N’écoutez pas les rabats-joie et les snobs. Nos cuisiniers sont au front partout et se démènent dans tout le pays pour envoyer des assiettes créatives, intéressantes et surtout délicieuses.
Parmi ces artisans, Tom Watson fait figure d’exemple à suivre. Depuis 2011, il envoie du lourd au Café du Marché de Nyon. Avant de reprendre cet établissement classique au cœur de la vieille ville, il a roulé sa bosse dans le monde entier. Cette expérience rejaillit aujourd’hui dans sa cuisine moderne et cosmopolite qui se nourrit néanmoins de solides bases classiques. Autre trait caractéristique: la carte laisse une belle place aux poissons et fruits de mer. Ainsi, les Couteaux grillés à l’ail et persil (25 CHF), sont superbement assaisonnés et agissent comme une puissante drogue sur la victime chanceuse qui découvre son goût beurré pour la première fois. Magie des fourneaux, ce plat gratiné prend une saveur inattendue qui évoque la noix de coco (Il n’y en a pas dedans, nous assure le serveur). On se surprend finalement à savourer le plus doucement possible ce concentré de goûts pour faire durer le plaisir. J’ai tout simplement adoré ces couteaux.
En spécial du jour, la sole entière à la salamandre (45 CHF) est tout simplement gigantesque! Elle nourrira facilement deux convives. Un poisson, tendre et fondant, tout en simplicité, qui ravira les fans hardcore d’animaux à nageoire. On aime aussi les petits pois savoureux en accompagnement, moins les pommes de terre nouvelles trop dures.
Au Café de du Marché, les produits de la mer font aussi merveille dans un simple plat de pâtes. Les gourmandes (et bon marché!) tagliatelles au crabe, gingembre, piment et coriandre (29 CHF) enfoncent le clou d’une adresse qui joue très bien la carte maritime. Mais ce plat est également une preuve de la polyvalence de chef. On a ici une préparation qui fusionne méthode italienne et ingrédients asiatiques. On note un piment bien présent (yay!) et une portion de crabe généreuse qui débouchent sur un plat exotique, fin et résolument moderne. L’équilibre est parfait, c’est bien huilé (dans les deux sens du terme) et je n’ai pas trouvé de défaut à ces tagliatelles qui semblent conçues pour satisfaire votre serviteur. Disponible aussi en entrée (21 CHF), bien joué.
La petite pointe de sel qui rend le plat addictif ou l’épice qui ne fait pas que de la figuration sont la signature gourmande d’un restaurant qui fait bien plus que nourrir ses convives. De toutes les recettes, se dégage cette envie de faire plaisir qui caractérise les meilleurs. Le médaillon d’entrecôte de bœuf (43 CHF) entre parfaitement dans ce registre. Une fois n’est pas coutume, on commence par l’accompagnement. Les frites sont correctes mais ce sont les tomates cerise qui attirent l’attention. Elles ont été longuement confites. Ainsi, sous la peau, ce n’est plus un fruit mais une sauce tomate encore légèrement solide qui attend de céder sous la dent. Le genre de détail qui donne de l’âme à un repas.
Certes, ces tomates passent au second plan comparées à la qualité exceptionnelle du généreux morceaux de bœuf rassi neuf semaines dans le suif (de la graisse de bœuf). C’est la Boucherie Deblue qui a importé cette méthode de Suède Vous retrouverez ici le goût de noisette et la tendreté caractéristique des meilleures viandes rassies. La haute tranche est bien grillée pour plus de goût encore. Et puis, c’est de l’entrecôte grassouillette, pas du filet. Pour finir, la sauce au vin rouge qui l’accompagne est de facture olympique: un joli travail sur les épices douces qui achèvent de faire de cette assiette un rêve de fin gourmet. Caca nerveux: j’ai demandé ma viande saignante mais le résultat m’a paru limite rosé. Je me dis souvent que je devrais toujours commander bleu.
Sachez encore que Tom Watson est d’origine anglaise et le revendique avec son Fish & Chips (35 CHF) ou le yorkshire pudding qu’il sert parfois en accompagnement. Le dimanche, vous apprécierez également son brunch (full english power!).
Si j’ai été séduit par le charme des portes vitrées qui donnent sur la rue piétonne et confèrent un aspect de taverne accueillante au Café du Marché, je suis moins enthousiaste sur l’intérieur qui mériterait un petit coup de frais. Durant tout le repas un bruit d’aération discret mais peu agréable s’est fait entendre et il faut reconnaître que les fresques murales, et probablement historiques, ne sont, pour le moins, pas des chefs-d’œuvres. Service professionnel, renseigné et fort aimable.
Vous l’avez compris, le Café du Marché est un excellent restaurant, qui, non content de proposer une super cuisine artisanale et des produits à l’efficacité germanique, sait mettre en avant une identité forte. Merci donc au citoyen twittant @Ginitchka pour avoir défendu l’honneur de Nyon avec ce tuyau en béton armé.
@GuerillaGourman le Café du Marché , bon et re-bon, bonbon quoi* — Ginitchka (@Ginitchka) 3 Février 2015
Question finale: Je suis curieux d’avoir votre avis sur la cuisson de la viande rouge, la manière dont vous commandez au restaurant, à partir de quand vous renvoyez le plat. Bref, quelle est votre politique de mangeur de viande rouge?
Le Café du Marché
Rue du Marché 3
1260 Nyon
Tél: 022 362 49 79
http://www.lecafedumarche.ch
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J’y avais été peu après son ouverture, nous avions beaucoup apprécié. Si nous n’y sommes pas retournés, c’est à cause de l’éloignement (nous aussi on est des bobos lausannois).
Pour répondre à ta question, je commande toujours saignant. Normalement ça suit bien, de temps en temps c’est trop rosé à mon goût, mais jusqu’à présent, jamais assez pour que je renvoie l’assiette.
Merci pour ton input ;-). J’ai exactement la même expérience que toi. Je demande toujours saignant et parfois ça vient limite rosé sans que je ne renvoie jamais.
FAIM.
VIANDE. SANG. (en gros)
Et puis couteaaaaauuuuuuuuux aussi, quelle joie que ce coquillage soit enfin à la mode jusqu’en Suisse !
Merci pour ce bel article, j’irai, j’irai !
Trop lol la Funambuline enragée!
Oui, j’étais tout content de voir ces couteaux. Je ne comprends pas bien pourquoi c’est plus rare que le reste.
Hello,
les plats m’ont l’air délicieux, ils font envies.
25 francs pour des couteaux (environ 3 dans l’entrée), c’est discutable car c’est un produit pas cher mais c’est laborieux pour bien les nettoyer, enfin, tant que c’est bon, on ne compte plus ou presque :p
Deux couteaux, mais très gros. Ça fait certes très cher au gramme. Je me suis fait la même réflexion que toi sur le prix. Dans le commerce, j’en vois souvent des petits plutôt bon marché. Du coup, je me suis demandé si la taille des bêtes jouait sur le prix.
L’adresse a l’air sympa.
Mais le truc qui m’a l’air énorme, là, caché discretos au milieu de ton post: « Bœuf rassi neuf semaines dans le suif. C’est la Boucherie Deblue qui a importé cette méthode de Suède »
Whaaaaat?! Mais ça a l’air terrible comme idée. Jamais entendu parler de ça et pourtant j’en ai lu des choses sur comment faire vieillir sa viande soi même (Parce que je trouve qu’à part Elikan, la plupart de la viande vendue dans le coin est trop fraiche et manque de gout 🙁 ). Voir par exemple http://www.seriouseats.com/2013/03/the-food-lab-complete-guide-to-dry-aging-beef-at-home.html
Donc compte sur moi pour aller faire un tour chez Deblue tester ça 🙂
Tu me dis des nouvelles du résultat de tes recherche? C’est vrai que j’aurais dû plus insister là-dessus. Tu fais bien de le faire car c’est indéniablement le point le plus original du repas.
Tu es gourmand et tu cherches des bonnes adresses à Nyon et tu ne consultes pas GuideGastronomique.ch? Non mais Allô quoi… ;O)
C’est vrai que pour le coup, je n’ai pas pensé à cette solution pourtant évidente! Ce sera fait pour la suite, à n’en point douter.
« Cet article est, j’espère, le début d’une série qui doit nous emmener à travers le canton de Vaud à la découverte des bonnes adresses qui émaillent notre territoire. »
Rappelle-moi de te prêter Ur-Chuchi quand vous passez chez nous demain…il y a de quoi découvrir, sur Vaud et au-delà (si tu n’as toujours pas réussi à mettre la main sur ce bouquin)
ho oui, ho oui!