Après avoir passé en revue deux des restaurants italiens classiques de Lausanne, La Molisana et Le Milan, je vous propose de voir de quel bois se chauffent leurs concurrents de la nouvelle génération. A côté des restos établis depuis des décennies, des établissements aux concepts plus actuels ouvrent leurs portes et proposent de revisiter la pizzeria de papa. On retrouve cette tendance aussi bien pour les restaurants modestes, concurrencés par les bars à pâtes et autres fast-foods (http://www.pomodoro-barapates.ch/), que pour les restaurants gastronomiques, concurrencés par des concepts modernes et aboutis (http://www.pastaesfizi.ch/). Souvent, ce sont d’habiles hommes d’affaires qui inventent cette nouvelle génération de ristorante. Ils débarquent avec des formules bien ficelées et après avoir étudié leur marché de près. Du coup, il tapent souvent dans le mille et font pas mal d’ombre aux vieux grigous établis de longue date.

Parmi ces jeunes loups affamés, l’un des derniers arrivés à Lausanne est Vapiano. Résolument moderne, cette chaîne allemande de restaurants italiens se positionne entre le fast-food et le restaurant plus traditionnel. Si la marque est jeune, elle compte déjà plus de 100 restaurants dans le monde. Un sacré succès qui débarque en Suisse romande avec de grandes ambitions. Aux commandes, on trouve plusieurs anciens de McDonald’s. C’est dire si rationalisation de la production et travail sur l’image sont ici à l’ordre du jour.

Installé en face de la gare, ce premier Vapiano se fait plutôt discret. Pour attirer le chaland, des employés distribuent des bons qui proposent deux pizzas pour le prix d’une. Une bonne affaire qui donne envie aux passants de s’y essayer. Apparemment, cette offre fonctionne à plein régime puisqu’elle est maintenant constante.

Arrivé à l’intérieur, on découvre tous les trends du moment réunis dans un seul décor. L’intérieur est spacieux et minimaliste: sols en parquet, ameublement façon Ikea premier prix. Pour le côté nature et sain, la matière dominante est le bois. D’ailleurs, un arbre trône savamment au centre d’une grande table. Quelques photos noir-blanc de rues italiennes ajoutent une touche d’authenticité factice.

L’endroit est immense et comprend aussi un coin café-bar à l’ambiance plus cosy. Il y a même un second étage pour quand les vieux restos avec de vrais ritals dedans auront fermé. Bien qu’un peu aseptisé, le cadre est agréable et accueillant. Je m’y assois volontiers un moment.

Détail ultime, que le gars du Marketing il a dû recevoir un award quand il eu cette idée au brainstorming: On peut prendre les fines herbes directement sur la plante. Tu la sens ma fraîcheur des ingrédients ?

Mais ne faites pas un pas de plus! Avant d’accéder à ce paradis de décoration étudié par les plus grands architectes d’intérieur, il faut passer l’épreuve de l’accueil. Tout de suite, ça se complique. A l’entrée, un jeune membre du staff  va vous tendre une carte magnétique. A noter que tous les employés sont jeunes et dynamiques chez Vapiano, sauf le gérant qui a au moins 31 ans mais qui est dynamique quand même. Vous allez scanner cette carte à chaque consommation et vous paierez seulement à la sortie. Self-service et pas d’addition à la table, donc.

Une fois équipé de votre carte, vous pouvez choisir entre les pâtes ou les pizzas. J’ai goûté les deux.

Commençons par le positif. Le gros point fort de Vapiano, ce sont les pasta. Elles sont faites sur place et on peut même regarder les employés au travail dans un aquarium. Encore un coup des gars de la communication! Ils sont forts ces allemands. Ou ces italiens, je ne sais plus bien.

Vous vous dirigez maintenant vers un très long comptoir où sont alignés une demi douzaine de « vapianisti », les cuisiniers du vapiano. Encore un truc trop concept. Conchiglie ou tagliatelle? Avec quelle sauce? Vous composez votre combinaison selon votre envie. A noter qu’il y a aussi des pâtes complètes.

Une fois votre carte scannée et votre commande passée, le vapianisti, tout de gants chirurgicaux vêtu, se met au boulot dans un ballet chronométré où tout est pré-portionné. C’est là qu’on sent que Vapiano est aussi une affaire de sous. Cela dit, le spectacle est plaisant.. Munis de leur wok, les vapianisti vont réaliser, sous vos yeux ébahis, le plat de pâtes que vous aurez choisi. Libre à vous de leur faire la conversation si ça vous chante.

L’avantage de la rationalisation, c’est que ça permet de garantir une qualité constante. C’est le cas ici, au Vapiano. La cuisson des pâtes est exemplaire, al dente, et les sauces sont très bien équilibrées. Il y a un gros boulot sur la conception des recettes et c’est plutôt très bon. Si on ajoute quelques créations originales comme la sauce au canard et au curry, on obtient une carte simple et efficace, parfaite pour manger sur le pouce sans tomber dans la malbouffe. A ce niveau là, Vapiano tape dans le mille.

En revanche, côté pizza, c’est moins réussi. Déjà, vous ne profiterez pas du spectacle de la préparation. On vous fournira juste un de ces nouveaux machins qui vibre quand c’est prêt. Avec votre attirail, vous ressemblerez à Spock qui attend le capitaine Kirk dans le lobby de l’Entreprise.

Musique d’ascenseur

Jusqu’au moment où votre machin se met à vibrer et clignoter de partout. Et vous voilà avec votre pizza toute humide et un peu fade. Voyez la mouillasse sur le bord, il y a carrément une flaque de jus. Et cette pâte toute blanche…

Les olives sont les plus insipides qu’on peut trouver sur le marché, genre vraiment merdique. Heureusement, le fromage est correct tout comme le jambon. Bref, c’est un peu triste! Heureusement, comme pour les pâtes, il y une ou deux pizzas spéciales qui sauvent les meubles,  à l’image de la Dell’alpe, une pizza bianca (gorgonzola, parmesan, tranches de fromage fumé,tomates séchées, figues, roquette, mozzarella). Celle-ci est bien meilleure.

Autre point négatif, le service est souvent approximatif et manque de maturité. Entre les jeunes employés qui se font des blagues ou paument les commandes et le gérant complètement maniaque parce qu’il sort de son super cours de gestion Vapiano, l’ambiance est parfois un peu gâchée par cette impression d’évoluer dans une sorte d’expérience de management.

Niveau facture, c’est pas franchement donné pour un restaurant dans lequel vous assurez vous-même une grande partie du service. Le prix d’un plat dépasse très vite les 20.-. A ce taux là, vous pouvez poser vos fesses délicates au Ticino, juste à côté. C’est moins standardisé et très bon aussi… et vous serez servi à la table.

En conclusion, le Vapiano peut être une option pratique pour manger simplement et rapidement. On peut y trouver de bons plats de pâtes pour un prix correct. On aime moins les pizzas, le jeunisme ambiant qui frise le mauvais goût et cette désagréable impression d’être dans une mise en scène marketing trop bien huilée. Mais je le redis, si on prend les pâtes, ça reste un bon moyen de manger sur le pouce.

Vapiano

Place de la Gare 4 /  1003 Lausanne

079 795 24 31