Des pirates proposent de la street food à Ouchy

Ce 29 juin, je me suis rendu à la Poscherine, un événement presque confidentielle qui a lieu sur le port d'Ouchy. Chaque année, la Société des Petits Pêcheurs d'Ouchy propose sa fameuse soupe de poissons du Léman. Les Greuleurs, c'est le nom de ces pêcheurs, se réunissent et mitonnent une soupe dont ils ont le secret ainsi que d'autres délices du lac. Les Greuleurs, c'est un peu le nom d'une bande de pirates. Et pirates ils sont, croyez-moi. Le temps de chien ce jour-là va à merveille à ces loups du Léman qui ne vont pas se laisser intimider par une petite bourrasque.

En revanche, les minets de salon et autres citadins qui auraient prévu une ballade sur les quais ont préféré rester à la maison ou aller au cinéma. Du coup, ne sont restés que les forbans, corsaires et flibustiers. La trentaine passée, je dois être le plus jeune de l'assemblée. Tout le monde semble se connaître et faire plus ou moins partie de la Société.

Et c'est bien tout le charme de cette Poscherine. L'ambiance est conviviale et nous nous sentons bienvenus malgré notre profil atypique. C'est un honneur d'être accueilli par ces pêcheurs en goguette réunis autour d'une bouteille de vin de la région. Ici pas de chichis, c'est à la bonne franquette, casquette de marin de rigueur. Fin du fin, nous allons manger à même le garage à bateau. C'est le genre de scènes si difficiles à trouver dont rêvent les routards et les touristes en quête d’authentique.

Une fois qu'on a trouvé sa place, il suffit d'aller chercher quelques bons et d'attendre son tour (qui vient tout de suite) pour être rassasié par la pêche du jour.

La Poscherine, c'est avant tout la soupe. Celle-ci est préparée dans un chaudron relié à une bonbonne de gaz. Un truc à faire pâlir la plus terrible des sorcières. Et peut-être aussi le type de l'hygiène. Enfin, je serais lui, je viendrais pas faire le mariole ici. C'est un coup à finir sur la planche ou attaché au cabestan.

Place au service...

...puis à la dégustation. Cette soupe est délicieuse. Une saveur riche et parfumée s'en dégage. On sent des épices, du vin blanc, un bouquet garni et bien-sûr du poisson. Des croûtons bien croustillants et aillés, sont ajoutés au dernier moment. De généreux morceaux de poissons nagent dans le fond et peuvent être pêchés avec gourmandise. Une préparation somme toute classique qui a plus le goût de maison que de restaurant gastronomique et c'est heureux.

A 8 CHF le bol , c'est un rêve de gourmet à la portée de tous. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi la terrine de brochet (BOUM!) aux proportions gargantuesques. Accompagnée de ses petites crudités et de ses couverts savamment ligotés, c'est le top du top.

La chaire est simplement cuite et assaisonnée, notamment de paprika et de persil. Une préparation qui laisse toute la place au goût du poisson. A 8 CHF aussi, c'est un cadeau du ciel.

Une bouteille d'Epesses bien fraîche est le complément idéal.

Que peut-on souhaiter de plus que de se trouver dans un endroit comme ça en bonne compagnie? Je vais être sévère. A l'heure où la street food a tendance à être dévoyée au profit d'une vision élitiste et artificielle comme on peut le voir au Lausanne Night Market, Il est bon de retrouver une authentique nourriture proche de la rue et des gens. Loin (si loin!) des modes du bio et du fast-food de luxe, les Greuleurs nous proposent spontanément, et à prix d'ami, des spécialités généreuses et authentiques à base de produits rares. Ils rappellent que c'est encore la tradition et la simplicité qui sont les maîtres de la gourmandise et donnent une leçon aux entrepreneurs trop tournés vers les modes et pas assez vers leur assiette.

Merci à Ema et Séb pour le bon plan.

Merci aux Greuleurs. You are the real badass.

La semaine prochaine, le souper saucisse de Biolay-Orjulaz.