Ici, pas de pizzas !

J’ai découvert l’Antica Trattoria grâce à un tuyau de la blogueuse (et bien plus encore) Funambuline. À première vue, il s’agit d’une adresse tout ce qu’il y a de plus anecdotique. La belle devanture pourrait même faire penser qu’on y mise plus sur le cadre que sur la cuisine. Rien n’est plus faux.

C’est en fait un restaurant tourné vers la découverte et des recettes travaillées. Le répertoire pioche allègrement dans les références du sud de l’Italie, à commencer par la cuisine sicilienne, omniprésente. L’Antica Trattoria est une des précurseuses de la vague de restos italiens sans pizza à Lausanne. C’est aujourd’hui devenu monnaie courante, mais à l’époque, ce n’était pas une évidence. Rien que pour ça, elle mérite une certaine déférence.

Effectivement, le cadre est attrayant. Nous voici dans une trattoria typée mais qui évite le kitsch d’un entrechat assuré. Cette élégance invite au dîner galant, à la soirée gastronomique et autres manières de perdre du temps avec goût. Cette orientation épicurienne est appuyée par une carte de vins courte, cohérente et 100% italienne. Même combat pour le vaste de choix de grappa dans lequel on saura vous orienter au besoin. Car le service n’est pas en reste.

L’Antica Trattoria, c’est aussi un bel écrin

Du début, à la fin, vous serez bien traité. Admettez que c’est une gageure de compter sur un personnel trois étoiles dans un restaurant italien. Pourtant, que ce soit pour vous aider à faire votre choix à la carte, ajuster votre table ou faire un brin de conversation, l’équipe est au rendez-vous.

À force, l’Antica Trattoria a glané son lot d’habitués. Une clientèle plutôt avertie, calme mais bonne vivante. Une classe moyenne cossue, typiquement helvétique, qui constitue l’épine dorsale des visiteurs de restaurants gastro-détendus. Notez que le Passeport Gourmand et des rabais réguliers sur lafourchette.ch rendent l’adresse plus démocratique. S’il n’y pas forcément nécessité de réserver en semaine, c’est recommandé le week-end.

Reconnaissons que la cuisine donne envie de revenir. Le chef mène une barque solide qui laisse peu de place à la déception. Portions, comme assaisonnements, tendent vers le festif et le prodigue. Cuissons justes et produits choisis finissent de peindre ce flatteur tableau.

La belle cuisine du sud de l’Italie

Dans le genre, le Gratin de courgettes au four (17.50 CHF) se distingue. Les courgettes, coupées épaisses, jouent de leur texture fondante et finaudent de toute leur amertume pour contraster avec un généreux duvet de mozzarella. Tomate pour l’acidité et encore un peu de fromage salé sur le dessus pour la gourmandise. Un dôme coulant, bien gratiné et parfaitement délectable. Indéniablement un des haut faits de la carte.

Les Petits poulpes en sauce tomate, pain grillé (18 CHF) se laissent commander à chaque visite s’il le faut. On se réjouit de la sauce tomate mijotée et des olives de qualité (peut-être des leccino). Par contre, je fulmine devant le pain de piètre qualité et qui n’a pas été grillé comme promis sur la carte. Le genre de faux pas qui caractérise les cuisines qui se fatiguent un peu. Ce n’est pas ce qu’on souhaite à cette équipe mais on sait à quel point la concurrence est rude sur leur terrain.

Il faut bien dire que je ne leur ai pas facilité la vie avec mes commandes. Les Tagliatelle aux artichauts à l’huile, ricotta et tomates sèches (24.50 CHF) sont un peu risquées. Et effectivement, l’Antica Trattoria ne parvient pas à maintenir le niveau de félicité sur ce plat végétarien. La superposition de l’artichaut sur des tomates séchées et des câpres donne par malheur l’impression d’un plat assemblé sans effort à partir de bocaux. Il y manque de la fraîcheur et ce n’est pas la ricotta sèche qui va y remédier. Sans être mauvaises, ces tagliatelle ne sont pas bouleversantes non plus. Mais ne vous formalisez pas, elles font figure d’exception. S’il vous faut des pâtes à slurper, rabattez-vous sur les Linguine aux vongoles et boutargue (26 CHF) ou les Tagliolini à l’encre de seiche et noix de St Jacques (26 CHF).

Cette déception est vite oubliée devant les Fagottini au loup de mer. Non contentes d’être farcies au poisson, elles sont surmontées d’un morceau de filet et d’une petite section de moules. Le tout est lié avec de la tomate pour un résultat bien plaisant. Et toujours ce beau jeu d’herbes aromatiques fraîches. Seule imprécision à déplorer: des coquillages trop cuits. Que voulez-vous? Je chipote aujourd’hui.

Il faut y aller

Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette carte: Gnocchi de pommes de terre à la crème de pistache et gambas (25.50 CHF) ou Fusilli al ferretto à la N’duglia (24.50), vous ne saurez pas vers quelle saveur vous tourner.

Et encore, je ne vous parle pas des secondi piatti. La taille des portions de pâtes servies en primi en font une étape pas toujours atteinte. Ceux-ci sont pourtant tout aussi prometteurs . Aventurez-vous vers le Migliaccio napoletano (30 CHF), un gâteau de polenta farci de saucisse, de jambon cru, de champignons et de mozzarelle que vous ne trouverez pas facilement ailleurs. Ou alors découvrez la Morue façon napolitaine (33 CHF) qui confirme que c’est bien à l’Antica Trattoria qu’on mange sicilien. Plus classique, les Noix de St jacques à la crème de citron (36 CHF) sont d’une belle vivacité.

Malgré quelques faux pas sévèrement signalés, l’Antica Trattoria est une adresse très aimable à la démarche salutaire dans un quartier animé et typiquement lausannois. Vu sa versatilité, je ne peux que recommander une visite en toute occasion. Que ce soit pour un plat rapide ou un grand chelem, le menu fonctionne. En conséquence, on ne voit pas bien pourquoi on devrait se priver.

Restaurant Antica Trattoria
Rue Marterey 9
1005 Lausanne
Tél: +41 21 312 19 33
Site Internet